À l'automne 1941, l’Afrika
Korps, mené par le général allemand
Erwin Rommel, est sur le point de gagner la guerre en Afrique
du Nord. Son aviation et ses chars repoussent les Britanniques
vers l’Égypte.
Mais un homme a une idée pour ralentir les troupes
du Renard du Désert, David Stirling, 24 ans, le fils
d’un propriétaire terrien écossais.
Renvoyé de l’université
de Cambridge, David Stirling veut tout d’abord devenir
artiste, puis s’entraîne pour vaincre l’Everest
car il a une passion pour le risque et le jeu.
Quand arrive la guerre il entre dans les commandos de la
brigade de la Garde.
Une fois formé, il est envoyé au Moyen-Orient
dans l’unité spéciale Layforce. En 1941,
la Layforce est engagée dans plusieurs raids en Afrique
du Nord, puis, elle est dissoute et ses hommes sont répartis
dans d’autre unités.
Stirling impatient d’en découdre avec l’ennemi
prend part à un parachutage non autorisé qui
tourne mal. En sautant il est aspiré par la trainée
de l’avion, en s’ouvrant, son parachute s’accroche
à la queue de l’appareil qui arracha une partie
du tissu, il descend alors beaucoup plus vite que ses camarades
et est gravement blessé.
C’est sur son lit, à demi paralysé,
qu’il élabore le concept du SAS. Il est convaincu
que des petits groupes bien entrainés, peuvent faire
des ravages derrière les lignes ennemies.
À l'hôpital Stirling exposer sa nouvelle idée
au général Dudley Clarke qui mène déjà
des opérations de désinformation dont l'une
des idées consiste à parachuter des mannequins
derrière les lignes ennemies afin de lui faire croire
que les Britanniques ont des troupes aéroportées
en Afrique du Nord.
En effet, les Allemands ont déjà
démontré l’efficacité des parachutistes
pendant l’invasion de la Crète et les Britanniques
sont impatients de faire de même, mais, en Angleterre,
les premières unités sont toujours à
l'entraînement. Par égard pour le soutien de
Dudley Clarke, Stirling inclut dans son projet les parachutistes
dans sa proposition, mais, il sait qu’il aura beaucoup
de mal à vendre son idée à l’état-major
militaire.
Stirling met en avant l’extrême rentabilité
du SAS indiquant que dans une opération de commando
traditionnelle, il faut 100 hommes pour attaquer une cible.
Dans son projet, il propose de diviser ce nombre par 4 en
créant quatre unités SAS de 25 hommes.
Stirling, toujours en convalescence, vient exposer son plan
au quartier général du Moyen-Orient au Caire.
N’ayant pas d’autorisation, on lui refuse l’entrée.
Il franchit alors le mur d'enceinte en utilisant ses béquilles
comme échelle. Les gardes le repèrent et se
lancent à sa poursuite, mais, il réussit à
se barricader dans un bureau. Par un heureux hasard, il
s’agit du chef d’état-major adjoint du
général Neil Ritchie, qui lit avec intérêt
ses notes griffonnées au crayon. On transmet l’idée
au commandant en chef du Moyen-Orient, le général
Claude Auchinleck qui l'approuve et Stirling reçoit
le feu vert pour recruter 65 hommes et officiers.
Pour son unité, Stirling choisit
un nom emprunté à la troupe fictive de Dudley
Clarke : détachement L, 1re brigade SAS.
Cette dénomination est destinée à faire
croire à l’ennemi que les Britanniques possèdent
une présence aéroportée conséquente
en Égypte.
Bien que supposé secret, le tout nouveau SAS, est
déjà la proie des caméras et des photographes
officiels. Cependant, Stirling est déterminé
à prouver que le SAS est plus qu’une ruse astucieuse.
L’entrainement est rigoureux et original. Il a besoin
d’un type particulier de soldats, et il se tourne
vers des hommes aux côtés desquels il a combattu,
les commandos des Scots Guards. La plupart d’entre
eux sont encore dans les camps du Moyen-Orient où
on les a envoyés après la dissolution de la
Layforce. Stirling sait aussi quels officiers il souhaite.
Le premier est le capitaine Paddy Mayne. Avant la guerre
Mayne est un célèbre joueur de rugby irlandais
de niveau international, à présent, c’est
un combattant non moins réputé. Il a fait
partie du 11e commando, et avait mené à bien
une opération en Syrie. Quand Stirling le recrute,
il est en prison, pour avoir mis KO son commandant en chef,
en attendant de passer en cours martiale.
Jock Lewes, un autre officier que Stirling
veut recruter dans sa 1re équipe de SAS s’avère
être un personnage très différent. En
apparence tranquille et studieux, Lewes a étudié
à l’université d’Oxford avant
la guerre, mais Stirling sait ce que cache ce caractère.
C’est Jock Lewes qui met au point les méthodes
d’entraînement du SAS, et qui les expérimente
lui-même.
Dans les formations militaires ordinaires, la décision
revient au seul officier, ce n’est pas le cas dans
le SAS de Stirling. En effet le simple 2e classe, ignorant
de tout, était traité d’égal
à égal dans l’équipe.
La hiérarchie militaire a autorisé Stirling
à recruter et à former sa propre unité,
mais elle ne lui a pas fourni de cantonnement, cependant,
pour les hommes formant les SAS ce n’est pas un problème.
Ils s’installent à Kabrit [archive], une étendue
de sable située au bord du canal de Suez. Comme il
n’y avait pas de cantonnement à cet endroit,
la première mission du commando fut donc d’en
voler un. Le matériel, des tentes, le piano, le bar
et le reste..., pratiquement tout le campement, furent volés
dans un grand campement néo-zélandais, situé
à 3 km de là, qui étaient partis opérer
dans le désert.
En novembre
1941, les Alliés sont prêts à lancer
une offensive majeure contre l’Afrika Korps de Rommel.
Le SAS se voit confier une tache capitale.
Les premières missions
C’est le 16 novembre 1941 que le SAS
effectue son 1er raid en soutien à l’opération
Crusader, lors du dégagement de Tobrouk.
Ils doivent être parachutés, par 5, derrière
les lignes ennemies dans le secteur Tmimi-Gazala, pour attaquer
les terrains d’aviation et anéantir la supériorité
aérienne de l’Axe. Puis, ils rallieront un
point de rendez-vous où les hommes du Long Range
Desert Group (LRDG) les récupéreront.
Le LRDG est une unité d’élite
de reconnaissance créée en 1940 par le commandant
Ralph Bagnold. Leur tâche consiste à pénétrer
loin derrière les lignes ennemies pour collecter
des renseignements vitaux. Leurs Chevrolet emportent assez
d’essence, d’armement et de rations pour tenir
trois semaines et couvrir 1 900 kilomètres de désert.
Les premières ont été réquisitionnées
à l’armée égyptienne et chez
les concessionnaires locaux de Chevrolet. L’objectif
principal du LRDG est le renseignement, mais, ils ne ratent
aucune occasion de s’attaquer aux positions de l’Axe,
faiblement défendues.
Tandis que sa création se prépare
pour sa première mission, Stirling a toujours des
détracteurs au QG du Moyen-Orient, qui veulent sa
perte ou celle des SAS. Alors qu’une gigantesque tempête
de sable se lève, sa hiérarchie propose d’abandonner
la mission. Stirling est confronté à un dilemme,
car, si le SAS recule, il offre à ses ennemis l’occasion
de le dissoudre. Mais, un parachutage en pleine tempête
pourrait causer la mort de nombreux hommes. Pour tous ces
membres de la première heure du SAS, la décision
est évidente. Tous estiment que c’est une mission
suicide, mais, la survie du SAS en dépend.
La mission est un désastre, les 65 hommes sont parachutés
à partir de deux avions, au cœur de la tempête,
ils sont très dispersés et loin de leur cible.
Beaucoup de matériel est perdu, les commandos se
retrouvent vite à cours d’eau, manquent d’explosifs...
Moins d’un tiers des hommes, 21 hommes sur 65, dont
David Stirling, Paddy Mayne, Jock Lewes, Bob Bennett1 et
Reg Seekings1, parviennent au point de récupération,
les autres sont tués ou capturés.
Pendant l’attente au point de rendez-vous avec le
commando de reconnaissance du désert, Stirling discute
avec David Lloyd Owen et, petit à petit, une idée
germe. Le parachutage n’a rien donné, mais,
si les patrouilles du LRDG peuvent récupérer
le SAS après une opération loin derrière
les lignes ennemies, pourquoi ne l’y emmènerait
il pas ?
Le LRDG conduit les rescapés du SAS à l’oasis
Siwa où la chance sourit à nouveau à
Stirling. Au début, l’opération Crusader
se déroule bien, mais les troupes en marche se retrouvent
débordées par Rommel, le Renard du désert.
Il s’en suit une féroce bataille de chars qui
stoppe l’offensive. Personne n’a le temps de
se préoccuper d’un petit groupe comme le détachement
L du SAS. David Stirling saisit cette chance de sauver la
jeune unité. Il intègre discrètement
ce qui reste du SAS dans un bataillon écossais, ils
mendient, ils empruntent et ils volent ce dont ils ont besoin.
Fin novembre 1941, le LRDG ramène
Stirling et la poignée de rescapée des SAS,
alors stationnés à Siwa et Koufra à
l'oasis de Jalo sans la moindre autorisation.
Le 8 décembre 1941, Stirling et Mayne,
quittent Jalo avec 7 véhicules du LRDG de la patrouille
rhodésienne, et mènent, 3 jours plus tard,
deux raids SAS sur des aérodromes de l’Axe
à Syrte et Tamet.
Le 10 décembre, c’est au tour de Jock Lewes
et Bill Fraser de partir sur El Agheila et Agedabia.
Le 14 décembre, à Syrte, Stirling
trouve l’aérodrome désert et revient
sans aucune perte, tout en attaquant une auberge servant
de point de ralliement aux officiers supérieurs italiens.
La même nuit, à Tamet, Mayne a plus de chance.
Mayne et ses hommes posent des bombes incendiaires sur les
appareils, et en détruisent 24.
Deux jours plus tard, à El Agheila,
les SAS trouvent également l’aérodrome
désert. L’aérodrome n’étant
finalement qu’un point de transit, aucun appareil
n’y stationnait la nuit. Lewes décide alors
d’aller déposer 30 bombes incendiaires dans
un parc de transport anéantissant un nombre considérable
de camions ennemis.
Le dernier raid SAS qui eut lieu le 21 décembre
1941, sur l’aérodrome de Agedabia, mené
par le lieutenant Bill Fraser est encore plus fructueux
avec 37 avions détruits sur le terrain.
D’autres
raids, porteront le total à 97 avions détruits,
mais il y aura un prix à payer. De retour de l’opération,
l'une des colonnes est attaquée par un avion ennemi
et a 7 tués.
Malgré ces pertes, le pari de Stirling a porté
ses fruits, contre toute attente le SAS a survécu
à ses premiers mois d’existence.
Après un bref répit à Jalo, à
Noel 1941, ils partent affronter de plus grands dangers.
La nouvelle année leur apportera une révolution
dans leur manière de combattre, leur octroyant plus
de victoires, mais, exigeant aussi plus de sacrifices.
Missions en Afrique du Nord
Au printemps 1942, les Allemands et les
Italiens ne sont pas préparés à des
attaques aussi lointaines derrière leurs lignes.
Les premières missions étaient faciles, les
sentinelles n’étaient pas sur leurs gardes.
Personne ne s’attendait à voir des avions exploser
brusquement et un groupe d’hommes tirer à 500
ou 600 km du front. Normalement, à cette distance
il n'y a pas d’inquiétude à avoir ;
la guerre ne peut pas venir jusque là, mais quand
cela arrivait, Allemands et Italiens étaient très
secoués.
Mais, déjà, dans ces premiers
temps les retours posent des problèmes. Pour le retour,
il fallait sortir du périmètre d’action
des chasseurs. C’était l’objectif principal.
Il y a une autre méthode, qui consiste à se
cacher près de la cible et à les laisser s’agiter
dans le ciel un moment et 1 ou 2 jours plus tard déguerpir
sans bruit. Mais, en général, mieux valait
partir sans perdre de temps et s’assurer de quitter
la zone d’action des chasseurs. Au pire, les chasseurs
ne pouvaient faire qu’un passage et devaient repartir
ravitailler, leur rayon d’action étant très
limité à cette époque. C’était
environ 110 km, ce qui était facile à parcourir
dans le désert.
À la fin juin 1942, Rommel semble
sur le point de gagner la guerre du désert, il a
acculé les Britanniques à El Alamein sur la
frontière égyptienne, et ses panzers s’apprêtent
a déferler à nouveau pour s’emparer
du canal de Suez. La force aérienne est un facteur
clé, que ce soit dans la campagne terrestre où
les forces de l’Axe possèdent deux fois plus
d’avions ou dans la bataille cruciale pour le ravitaillement
des troupes. Depuis ses aérodromes de Cyrénaïque,
Rommel lance des attaques aériennes sur les convois
de transports britanniques qui ravitaillent l’Afrique
du Nord et Malte en particulier.
Pour survivre à la guerre du désert, il faut
venir à bout de cette supériorité dans
les airs. C’est à ce moment précis que
David Stirling opère un changement primordial dans
la tactique du SAS. Une nouvelle arme fait son apparition
dans le désert : la jeep. Stirling voit en elle l’occasion
de mettre fin à la dépendance du SAS vis-à-vis
du LRDG et de devenir enfin totalement autonome.
Les SAS la modifient en jeep
de combat
-
ils installent des mitrailleuses d'aviation Vickers jumelées
à l’avant et à l’arrière.
-
la garnissent d’essence, d’eau, d’outils,
de munitions et d’explosifs.
-
la suspension est renforcée et chaque jeep est munie
de grilles de désensablage.
-
la calandre est sciée pour permettre un meilleur
refroidissement du moteur.
-
les SAS doivent maitriser la conduite, la mécanique
et la navigation dans le désert. Ils utilisent le
soleil, les étoiles ou l’estime pour traverser
le désert dépourvu de repères.
Mais, les avions qu’ils traquent peuvent
devenir leurs pires ennemis. L’une de leurs grandes
peurs était de se faire épingler par un avion
pendant qu’une patrouille terrestre s’approchait,
c'est-à-dire être pris entre deux feux.
Face à cette menace, la tactique des SAS consistait
à camoufler les véhicules autant que possible,
en enterrant les jeeps dans le sable, de façon à
ce que rien ne dépasse plus, ou ne projette pas d’ombre.
Puis, ils jetaient un filet dessus, s’éloignaient
à une cinquantaine de mètres, se cachaient
derrière un buisson et attendaient la nuit.
Dirigeant
les opérations depuis le front de son véhicule
transformé en quartier général, Stirling
lance maintenant le SAS et ses jeeps de combats dans une
nouvelle série de raids sur les aérodromes
de Rommel au moment même où celui-ci prépare
ce qui doit être son assaut final. Ils s’enfoncent
au cœur des lignes ennemies, mais, à cette époque,
encore, ils effectuent toujours l’approche finale
à pied, parcourant parfois jusque 80 km.
Le 20 janvier, à Bouerat, le SAS
détruit 1 station de pompage de pétrole, 1
dépôt de vivre, 1 atelier de mécanique,
18 cuves de carburant d'une capacité de 20 tonnes,
12 camions et sabote 1 poste de DCA.
Le 3 février, ils détruisent
à Derna 15 avions et un stock de torpilles.
Le 8 mars 1942, ils attaquent Barce et Al-Berka.
Le 25 mars, ils sont à Benina.
Le 13 juin 1942, ils attaquent à
nouveau Benina et Al-Berka.
Au total, ils détruisent 50 appareils de l’Axe
de cette manière avant que Stirling ne modifie encore
sa stratégie.
En effet, les Allemands se rendent compte
qu’il leur faut améliorer leur sécurité,
pour empêcher les SAS de se glisser chez eux. Ils
commencent donc à placer de une à trois sentinelles
sur chaque appareil, et, bien sûr, ils posent des
fils barbelés et des défenses autour des aérodromes.
Les SAS, ayant toujours un coup d’avance, équipent
leurs jeeps de mitrailleuses plus performantes.
À partir du début de juillet
1942, le SAS innove une tactique. Les SAS se mettent en
deux colonnes, avec 6 jeeps de chaque côté
et tiraient ainsi de part et d'autre.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, les aérodromes
de Fouka, Bagoush , et El-Daba, tous situés entre
El Alamein et Marsa Matruh sont attaqués. À
Bagoush Stirling et Mayne dirigent l’assaut tirant
sur les appareils au sol depuis leur jeeps.
Lors d’un autre raid, ils utilisent des bombes incendiaires
et détruisent 34 appareils, écornant sérieusement
la machine de guerre de Rommel.
Le 12 juillet, un nouveau raid sur Fouka,
détruit 22 avions, mais le raid sur El-Daba est un
échec.
Le 26 juillet, à Sidi Hanesh, Stirling
forme 2 colonnes avec 18 jeeps qui mitraillent et détruisent
40 appareils de transports Junkers Ju 52, ainsi qu'une quinzaine
d'avions (Junkers, Stukas, Messerschmidts, Heinkels), et
une douzaine d'autre gravement endommagés et 2 SAS
sont tués. Au retour, repéré par une
formation de quatre bombardiers allemands Junkers Ju 87
« Stuka » la colonne est mitraillée tuant
l'aspirant français André Zirnheld auteur
de la fameuse « prière du parachutiste ».
En septembre 1942, Stirling est élevé
au rang de lieutenant-colonel et son unité, officialisée
sous le nom de 1er régiment SAS, est incluse dans
l’ordre de bataille britannique. David et son frère
Bill Stirling en profitent pour créer une série
d’unités d’élite en ajoutant également
des forces spéciales étrangères aux
siennes :
.
L’Escadron Sacré qui est une unité grecque
qui combat au côté des Britanniques en Afrique
du Nord et en mer Égée.
.
Les SAS de la France libre, constituent un escadron à
eux seuls. Réorganisés et renforcés,
les SAS français (2e et 3e RCP) participeront plus
tard à la libération de la France.
.
Le SBS les forces spéciales marine, est une unité
amphibie qui participera aussi à l’offensive
en mer Égée. C’est le SBS qui repousse
la tentative d’invasion allemande de l’île
de Symi.
En août 1942, l'état-major
décide que le SAS doit effectuer une série
de raids de grande envergure sur plusieurs localités
clés tenues par l'ennemi afin "d'occuper"
l'Afrika Korps et de contribuer à l'empêcher
de passer à l'offensive dans le courant de l'été.
L'état-major décide que quatre raids seront
effectués :
.
Sur Benghazi par David Stirling et les SAS sous le nom d'opération
Snowdrop connu également sous le nom d'opération
Bigamy
.
Sur Tobrouk par le colonel Haselden et une force amphibie
sous le nom d'opération Daffodil connu également
sous le nom d'opération Agreement.
.
Sur l'aérodrome de Barce par le LRDG sous le nom
d'opération Hyacinth connu également sous
le nom d'opération Caravan
.
Sur l'oasis de Jalo par les troupes soudanaises de la Sudan
Defence Force sous le nom d'opération Tulip, connue
également sous le nom d'opération Nicety.
L'ensemble des 4 opérations a lieu
en septembre et se solde par 1 succès, 2 échecs
et 1 semi-échec. Comme l’avait prévu
David Stirling, les actions commandos et raids sur ordre
ne sont pas adaptés.
La seconde bataille d'El Alamein en octobre
1942, annonce le début de la déroute des Allemands
et des Italiens en Afrique du Nord.
Pendant que Rommel bat en retraite, David Stirling lance
des raids hebdomadaires sur les interminables colonnes allemandes.
Il les harcèle le long du trajet entre El Agheila
et Tripoli et même au-delà en Tunisie.
Le 8 novembre 1942, les Alliés ouvrent un second
front en débarquant au Maroc et en Algérie.
C’est l’opération Torch, à plus
de 1 600 kilomètres sur les arrières de Rommel.
Stirling voit là une autre opportunité pour
le SAS. Il veut passer par la Tunisie pour rejoindre la
1re Armée américaine en menant diverses opérations
en route, afin qu’ils s’inspirent de cette méthode
de harcèlement, et agir, pour changer de ce côté
du front.
Mais, cette tentative de ralliement mène
à la catastrophe. Le SAS de Stirling commence à
faire des ravages, mais, il doit se ravitailler et se détourne.L’ennemi
l’attend.
Dans la nuit du 24 au 25 janvier 1943, David Stirling, le
créateur du SAS, est capturé après
une trahison des Bédouins.
Il s’évade 4 fois, mais il est à nouveau
arrêté. Jugé dangereux, il est expédié
en Allemagne, à la forteresse de Colditz.
C’est
un coup dur, car si le 2nd SAS de son frère Bill
est autorisé à poursuivre ses activités,
le reste des forces spéciales qui était sous
le commandement de David Stirling, est dispersé.
En avril 1943, un des SAS, le 1st SAS, est même scindé
en deux unités : le SRS (Special Raiding Squadron)
et le SBS (Special Boat Squadron). Le SRS sera toutefois
placé sous les ordres de Paddy Mayne.
Missions en Italie
Une fois la guerre gagnée en Afrique
du Nord, les Alliés se concentrent sur l’invasion
de la Sicile et de l’Italie continentale.
Lors de ses opérations, on attribue au SBS un rôle
différent : celui de troupe d’élite
de 1re ligne.
Le Special Boat Squadron et le Special Raiding
Squadron n’opéraient plus comme des SAS, c'est-à-dire
par petits groupes. On leur imposait un rôle de commando,
de troupe de choc et ils devaient soutenir le front sur
ses points faibles.
En octobre 1943, lors de la campagne d'Italie, le Special
Raiding Squadron (SRS) britannique, commandé par
Paddy Mayne est chargé de prendre le port de Termoli
sur l’Adriatique. Après avoir débarqué
avec du retard, le SRS attaque un groupe de soldats allemands
près d’une ferme. Mais, ils ont une mauvaise
surprise : ils luttent contre la 1. Fallschirmjäger-Division
allemande, une unité d’élite, venue
de Crète. La prise de Termoli fut terrible. Une ferme,
perchée sur une falaise, était l'un des postes
de commandement de la compagnie. Les SRS prend un chemin
détourné et arrive droit sur la cible perchée
sur la falaise, et se retrouvent face à un champ
de mines et des barbelés. Ils combattent toute la
matinée et finalement les Allemands encore en vie
se rendent. Épuisés, les hommes du SRS se
reposent un instant. C’est alors que l’artillerie
allemande ouvre le feu, une pluie d’obus s’abat
sur la ville. Un obus allemand fait exploser des grenades
dans un camion du SRS, 22 hommes sont tués. Les Allemands
s’acharnent, ils veulent conserver la ville et le
port. Le SRS, lui, s’accroche résolument pour
garder la ville. Ils seront relevés par l’avancée
alliée trois jours plus tard.
Le 2e SAS, qui est aussi à Termoli,
mène ensuite des opérations séparées
en Italie. Certains SAS sont parachutés derrière
les lignes ennemies, où ils détruisent des
voies ferrées, font sauter des ponts et entravent
le déplacement des forces allemandes et ils effectuent
même des raids maritimes, parfois sous-marins qui
ajoutent à la confusion (opérations Speedwell,
Maple Driftwood, Baobab, Begonia, Jonquil...).
Pendant ce temps, même en captivité
David Stirling fait encore des siennes. Détenu, en
Italie, dans plusieurs camps de prisonniers de guerre, il
s’évade quatre fois, mais il est toujours repris.
Il met aussi ses compétences de SAS pour organiser
des évasions massives, pas seulement pour renvoyer
des hommes en Angleterre, mais aussi pour constituer et
soutenir des mouvements de résistance, du style SAS
en Europe. Le but était qu’un tiers des évadés
devait renforcer la résistance en Tchécoslovaquie.
Un autre tiers devait essayer de remonter au nord vers la
Suisse. Les autres partaient vers le sud. Mais, il est envoyé
à Brunswick, à la citadelle de Colditz, où
il finit la guerre, en essayant toutefois d’entrer
en contact avec les mouvements locaux de résistance
allemande.
Après avoir âprement combattu sur le front,
le SRS et le 2e SAS, sont rappelés en Grande-Bretagne.
Au début
de 1944, le SRS retrouve son ancien statut de SAS et redevient
le 1er SAS afin de préparer le Jour J.
Missions lors du débarquement
de Normandie
Au printemps 1944, le général
Bernard Montgomery qui commande les forces de frappe alliées
du Jour J passe en revue la redoutable brigade SAS désormais
commandée par le général Roddy McLeod
et composée des :
.
1er régiment SAS, dirigé par Paddy Mayne l’un
de ses premiers héros légendaires
.
2e régiment SAS, mené par Bill, frère
de David Stirling, auquel succédera Brian Franks
.
3e régiment SAS ou 3e régiment de chasseurs
parachutistes, dirigé par le commandant Pierre Chateau-Jobert
(Conan)
.
4e régiment SAS ou 2e régiment de chasseurs
parachutistes, dirigé par le commandant Pierre-Louis
Bourgoin (Le manchot)
.
5e régiment de SAS, escadron de Belges libres dirigé
par le major Eddy Blondeel
Les SAS britanniques
À l’approche du jour J, une
querelle fait rage sur le bon usage des SAS. Pendant un
moment, on estime qu’ils doivent être parachutés
en tête de pont, comme troupe tactique en première
ligne. C’est ignorer les principes de base selon lesquels
le SAS a été forgé et grâce auquel
il s’est déjà brillamment illustré.
Bill Stirling se bat fermement afin que le SAS garde son
rôle stratégique. Ils opéraient sur
des cibles capitales, loin de la ligne de front, au cœur
de la France. Bill a gain de cause, mais il en paie le prix
: il doit quitter le SAS. Son poste de commandant du 2e
SAS est confié à Brian Franks, qui jouera
dorénavant un rôle capital dans l’avenir
de l’unité d’élite.
Tandis que les navires de combat traversent
la Manche dans la nuit du 5 au 6 juin, le SAS est déjà
à l’œuvre.
L’une de leur premières tâches
consiste à tromper l’ennemi. Les Allemands
savent qu’une invasion est imminente, mais ils hésitent
quant à la localisation et le SAS a pour charge de
les induire en erreur. On parachute, tout d’abord,
de petits groupes d’hommes sur la Normandie, près
des lignes ennemies, mais loin des principaux sites de débarquements.
C'est l'opération Titanic IV qui a pour but de créer
des diversions en suggérant qu’un important
parachutage est en cours. Pour renforcer cette impression,
on parachute aussi des dizaines de mannequins à l’effigie
de soldats, équipés de pétards et de
torches. L’ironie du sort fait que le SAS a été
en partie créé pour duper l’ennemi,
en lui faisant croire à une force aéroportée
britannique importante au Moyen-Orient. Mais, tandis que
les troupes, hommes et mannequins, tombent du ciel, la mission
prend une mauvaise tournure, leur matériel s’éparpille
dans la nature. Ils ne parviennent pas à le récupérer
dans l’obscurité, ils sont désorientés,
ils sont obligés d’abandonner leur mission
et doivent se cacher.
Dans les heures qui suivent, les forces
britanniques, américaines et canadiennes débarquent
et engagent le combat sur les plages. Tandis que les renforts
allemands accourent, les SAS lancent une série d’opérations
à revers pour les retarder. L’une d’entre
elle est l’opération Bulbasket.
Aux premières heures du 6 juin 1944,
le capitaine John Tonkin et plus de 50 SAS sont parachutés
entre le 6 et le 18 juin à 250 kilomètres
des plages normandes, dans un polygone compris entre Angers,
Châteauroux, Limoges et Niort. Quatre jeeps leur sont
larguées le 18 juin. Soutenus par les résistants
locaux et une équipe du SOE, ils mènent leurs
opérations de sabotage. Ils apprennent notamment,
grâce à des résistants cheminots, la
présence de 11 wagons citernes d’essence destinés
à une division de panzers SS, qui a pris la route
des plages normandes. Le dépôt est trop bien
défendu pour envisager un assaut direct. Les SAS
font donc appel aux chasseurs-bombardiers Mosquito. Ces
derniers frappent avec précision, piquant sur leurs
cibles et anéantissant le précieux carburant.
C’est l’un des nombreux coups portés
aux Allemands pour empêcher leur contre-attaque pendant
la phase clé de l’assaut des Alliés
sur les plages normande. L’équipe de Bulbasket
mène plusieurs opérations avec succès,
mais trahis par des collaborateurs français[réf.
nécessaire] à Verrières dans la Vienne,
ils sont bientôt capturés. L’un des SAS
blessé est battu à mort en public sur la place
d’un village. 30 autres sont emmenés dans le
bois de Saint-Sauvant pour y être exécutés.
La mission des SAS continue jusqu’au 24 juillet. Lors
de l’opération Gain, un groupe SAS et les jeeps
sont parachutés près de Paris pour couper
l’accès ferroviaire à la Normandie,
dans une zone couvrant un triangle d’Orléans,
Montargis et Fontainebleau.
Pendant les trois ans précédant
le jour J, les Britanniques ont aidé à renforcer
la Résistance française. Une fois les débarquements
en Normandie effectués, cette Armée secrète
joint ses forces à celle du SAS. Des équipes
dont le nom de code est Jedburghs assurent les liaisons
entre elles. Ces groupes de communications de trois hommes
sont envoyés en France, peu de temps avant le jour
J, pour assurer la coordination des actions de la Résistance.
Constitués en majeure partie d’officiers britanniques,
américains et français de Londres, ils fournissent
les moyens d’optimiser les ressources de la Résistance
par le retour d’informations, les demandes d’approvisionnement
en armes et la coordination des raids contre les renforts
allemands se dirigeant vers les champs de bataille. Le déploiement
des équipes du SAS au cœur des lignes ennemies
leur confère un rôle de première importance.
L’opération Houndsworth, est
l’une de leurs missions caractéristiques. Dès
le 6 juin, des hommes du 1er SAS, sont parachutés
près de Dijon. Leur objectif est de couper les lignes
de communications vitales des Allemands au centre de la
France entre Paris et Lyon. Il leur est d’abord nécessaire
d’installer un camp de base opérant dans cette
région très boisée. L’aspect
principal de cette opération est la collecte de renseignements
afin de renseigner le haut commandement allié sur
les renforts de l’armée allemande ou de son
aviation, sur son retrait ou son maintien dans une région,
car, après le jour J, ces renseignements étaient
d’une aide précieuse. Un groupe avait la surveillance
d’une ligne de chemin de fer au sud de Dijon, auquel
était mis à disposition 3 escadrons aériens,
1 de Lightning et 2 de Mustang. Si un train passait par
là en direction du nord-ouest, ils indiquaient 300
chars, 1 transport de troupe, etc.. Cette information était
transmise de la zone D et les avions les attaquaient sur
la zone A, afin de tromper les Allemands. Ce travail était
bien plus précieux que les embuscades sur les routes
et la destruction de certains endroits. Les SAS devaient
aussi faire très attention à la population
civile, aux représailles telles que celles de Montsauche-les-Settons.
Dans les trois mois qui suivent, les soldats SAS de Houndsworth,
consolident leur base jusqu'à être plus de
140 équipés de mitrailleuses et d’explosifs.
Le SAS lance alors une grande campagne dans la région
provoquant le chaos dans les défenses allemandes.
Ils détruisent des véhicules, coupent les
voies de ravitaillement, et disparaissent aussitôt
dans la forêt. Les représailles allemandes
sont terribles, et beaucoup de civils français sont
pris en otage et exécutés ou envoyés
en camps de concentration. Un groupe de SAS a réussi,
au moins une fois, à intercepter un convoi transportant
des otages français. Ils préparent leur embuscade
avec des groupes de résistance locale, placent des
explosifs pour arrêter le premier véhicule.
Une fois le convoi à l’arrêt, les SAS
ouvrent le feu sur l’escorte. Les Allemands sont débordés
par la fusillade et les otages civils sont finalement libérés.
Les jeeps peuvent non seulement transporter les SAS sur
le terrain, mais aussi les tirer d’affaire. Ils se
retrouvent fréquemment encerclés et en infériorité
numérique.
Trois mois plus tard, l’opération Houndsworth,
détient un impressionnant record :
.
22 lignes de chemin de fer détruites
.
plus de 200 Allemands tués ou blessés
.
132 prisonniers
.
30 cibles stratégiques repérées pour
la RAF et anéanties par les bombardements et les
tirs alliés
.
le principal transport ferroviaire entre Paris et Dijon
est gravement perturbé
Les SAS français
Les SAS français sont aussi très
actifs dès le 6 juin. Lors des opérations
SAS en Bretagne, 450 hommes réunis sous les ordres
du commandant Pierre-Louis Bourgoin, retiennent 150 000
soldats allemands en Bretagne à Saint-Marcel, Morbihan
et dans la forêt de Duault, Côtes-d'Armor. Les
Allemands finissent par recourir aux lance-flammes pour
incendier la forêt autour d’eux. Les SAS en
réchappent, avec les Jedburghs et avec la Résistance,
ils préparent d’autres opérations de
harcèlement et d'armement des maquis. Ils persévèrent
malgré les violentes représailles contre eux
et contre la population locale, mais la Bretagne est presque
entièrement libérée lors de la percée
de la 3e armée américaine début août.
Le 2e RCP/4e SAS est réorganisé
en septembre en unité motorisée sur jeeps
armées et livre sur la Loire, l'opération
Spencer qui est un total succès, tandis que le 3e
RCP/SAS opère dans le Centre et dans l'Est. A Noël,
le 2e intervient dans les Ardennes belges.
En avril 1945, 700 hommes des deux régiments
sont parachutés sur le nord de la Hollande (opération
Ahmerst). Au prix de pertes significatives, ils libèrent
la province, permettant aux blindés canadiens de
foncer sur la Ruhr.
À
la fin de la Guerre, le drapeau des SAS français
est le plus décoré de tous les emblèmes
alliés.
Missions en Belgique et Hollande
À la fin du mois d’août
1944, les chars alliés traversent la France en direction
des frontières de l’Allemagne nazie. Mais,
au moment où les Londoniens pensent pouvoir souffler,
Hitler déclenche une nouvelle campagne de terreur.
Le 8 septembre 1944, une pluie de missiles V2 s’abat
sur la capitale anglaise tuant des centaines de personnes.
La mobilité des rampes de lancement des terribles
V2 les rendent difficiles à repérer et à
détruire. C’est alors qu’intervient le
SAS. Un défi nouveau et insolite attend la force
secrète d’élite britannique.
V comme Vengeance. Les V2 sont les premiers
missiles balistiques utilisés dans une guerre. Apparemment
imparable, c’est l’arme miracle d’Hitler.
Il espère, grâce à elle, amener les
dirigeants alliés à la table de négociation.
Les retards dans leur élaboration n’ont permis
l’utilisation des V2 qu’à partir de septembre
1944. La percée alliées en France suivant
le débarquement en Normandie, ne permet pas de lancer
les missiles depuis les positions fixes prévues à
cet effet. On utilise, à la place, des rampes de
lancement mobile déployées en ½ heure.
Leur traque ressemblera étrangement aux opérations
SAS qui auront lieu 50 ans plus tard dans le désert
irakien. Les rampes de V2 installées aux Pays-Bas
lancent leurs missiles sur Londres. L’une des salves
les plus mortelles frappe Deptford détruisant un
grand magasin Woolworth et tuant 168 personnes. C’est
un coup terrible porté à la population, épuisée,
de la capitale. La mobilité des lance-missiles rend
impossible leur repérage précis sans un renseignement
actualisé presque heure par heure. Il faut des hommes
au sol, les Britanniques se tournent donc vers l’escadron
de SAS belge. Rescapés de la Blitzkrieg de Hitler,
ces soldats ont été formés au sein
de la compagnie indépendante de parachutistes belges.
Ils sont devenus le 5e SAS avant le débarquement.
Ils ont été parachutés en France derrière
les lignes ennemies durant le Jour J sous les ordres du
commandant Eddy Blondeel.
Alors que la percée alliée
approche de la frontière belge, le 5e SAS insiste
pour obtenir un rôle prépondérant dans
la libération de sa patrie. Lorsque la traque des
terrifiantes armes de Hitler s’impose, la mission
est confiée aux SAS belges sous le nom d’opération
Fabian. Un groupe dirigé par le lieutenant Gilbert
Kirschen est parachuté dans la région d’Utrecht
aux Pays-Bas, en octobre 1944. Ils travaillent avec la Résistance
pendant six mois pour collecter des informations sur les
déplacements et la localisation des missiles insaisissables,
informations qu’ils transmettent à Londres.
Ils se déplacent en permanence pour fuir la Gestapo
qui les pourchasse. L’opération Fabian devient
d’autant plus importante que les V2 commencent à
viser la Belgique. En décembre 1944, près
de 100 missiles par semaine s’abattent sur le port
d’Anvers, un lieu hautement stratégique.
924 missiles au total s’écraseront sur la ville.
C’est une offensive dévastatrice, 561 civils
sont tués et 291 autres blessés lors d’une
seule attaque sur un cinéma. Mais les hommes de l’opération
Fabian se voient bientôt attribuer une tâche
encore plus urgente.
L’opération Market Garden,
une tentative britannique de mettre rapidement fin à
la guerre en s’emparant de ponts stratégiques
sur le Rhin au moyen d'un parachutage débute le 17
septembre. Elle s’avère être un désastre,
les hommes de la division aéroportée sont
encerclés près d’Arnhem, beaucoup sont
fait prisonniers, mais 2 000 d’entre eux réussissent
à échapper à la captivité. Le
SAS belge est appelé à la rescousse, pour
en localiser le plus possible et organiser leur retour.
Au début, on leur donne des vêtements et de
faux papiers individuellement ou en petits groupes, pour
qu’ils puissent traverser le front. Mais ils sont
trop nombreux et on décide de tous les rapatrier
en une seule fois. Le commandant Hugh Fraser de l’organisation
britannique MI9 chargée des évasions coordonne
cette évasion avec les SAS. La mission consiste donc
à les rassembler sur le bord du fleuve et d’envoyer
des bateaux les chercher. La nuit du 22 octobre 1944, l’opération
Pégase est lancée. Tous les parachutistes
britanniques rescapés qui ont été retrouvés
sont conduits jusqu’au Rhin par la Résistance
hollandaise.
Fraser et ses hommes attendent impatiemment sur l’autre
rive. Cette nuit-là, au nez et à la barbe
des Allemands, 140 hommes réussissent la plus grande
évasion de la guerre.
Puis, les hommes de l’opération
Fabian reprennent leur quête des redoutables armes
de Hitler. Ils resteront derrière les lignes ennemies
encore quatre mois, pendant que les Alliés s’enfoncent
dans le sud de la Hollande et en Rhénanie. Au début
du printemps 1945, l’avancée des Alliés
force les Allemands à se replier hors de portée
de leurs rampes de lancement. Les derniers V2 tombent sur
Londres en mars 1945.
La mission de chasseurs de missiles du SAS s’achève.
Après la libération de Bruxelles en septembre
1944, Eddy Blondeel passe ses hommes en revue sur la Grand
Place. C’est un moment de grande fierté pour
l’escadron belge. Même pendant l’opération
Fabian, eux et les autres unités du SAS ont joué
un rôle crucial dans la campagne alliée.
Missions en France
Après avoir traversé la Seine,
les Alliés accomplissent une avancée extrêmement
rapide à travers le Nord de la France et la Belgique.
Pour y parer, les Allemands affluent en renfort par trains
et sur routes. Pour les entraver, le SAS monte une série
d’opérations.
L’une d’elle, très représentative,
est l’opération Wallace, une mission d’infiltration
en profondeur menée par le commandant Roy Farran.
Ils atterrissent sur un aérodrome à Rennes
avec 20 jeeps, se faufilent à travers les lignes
ennemies au nord d’Orléans et ils roulent sur
environ 500 kilomètres pour traverser la France.
Au sud-est de Paris, ils établissent une base opérationnelle
près de Châtillon-sur-Seine. De là,
les hommes de Farran tendent des embuscades aux soldats
allemands et aux convois de ravitaillement, leur infligeant
de lourdes pertes et ne déplorant que peu de victimes.
Mais, les escarmouches permanentes n’épargnent
pas les véhicules de Farran. Après seulement
deux semaines, il ne reste à l’unité
que 6 jeeps sur les 20 du début. Un largage de jeeps,
parachutées depuis des bombardiers spécialement
modifiés, leur rend l’avantage.
L’une des missions les plus ambitieuses
du SAS sur le sol français est l’opération
Gaff 5,6. Son objectif est d’éliminer, ou de
capturer, lefeld-maréchal Erwin Rommel, commandant
de la défense allemande en Normandie. Elle est dirigée
par le capitaine Raymond Couraud , alias Jack William Raymond
Lee, un vétéran français de 24 ans
qui a déjà servi dans la Légion étrangère
et les forces spéciales du SOE et du SAS français.
Son équipe hétéroclite se compose de
6 hommes : 1 Anglais (sergent Tom Moore), de 2 ex-légionnaires,
1 Allemand (sergent Max Mark) et 1 Russe (sergent Michel
Fedossef), et de 2 Français (sous-lieutenant Robert
Raillard, sergent Pierre Durban). Ils sont parachutés
en Île-de-France dans la nuit du 26 au 27 juillet
1944. À la suite d'une erreur de largage au-dessus
de la Forêt-Sainte-Croix, l'équipe est scindée
en deux et le matériel dispersé. Grâce
à la résistance locale, ils se rassemblent
et récupèrent leur équipement. Aidés
par plusieurs résistants, René Maubailly,
André Dantonnet, Louis Paulic, Serge Marchais, Lucien
Richer et un jeune garçon rencontré en Forêt-Sainte-Croix,
ils progressent jusqu'à Beynes, où ils s'installent,
au camp militaire de Frileuse. À leur arrivée,
début août, ils apprennent que la mission est
annulée : Rommel a été gravement blessé
en Normandie, par une attaque de la RAF sur sa voiture,
le 18 juillet. Alors que 3 hommes sont intégrés
au commando (René Maubailly, Serge Marchais et Lucien
Richer), Lee décide d'attaquer la Kommandantur deMantes-la-Jolie
où séjourne l'état-major de Rommel.
La nuit du 9 août, l'infiltration de la Kommandantur
échoue et une fusillade s'engage. Ils parviennent
néanmoins à dérober des documents et
à s'enfuir sans pertes. Le 13 août, aidé
par la brigade de gendarmerie de Pontchartrain, le capitaine
Lee rejoint la IIIe Armée américaine à
qui il transmet les documents volés. Il est rejoint
quelques jours plus tard par le reste du commando, qui effectuera
encore des missions de reconnaissance jusqu'à la
fin août.
Lee rejoint ensuite les SAS français
du Morvan. Raillard retourne à son unité SAS
d'attache, le 3e Régiment de Chasseurs Parachutistes.
Les quatre autres membres réguliers du commando rentrent
également en Angleterre. Marchais et Richer intègrent
le SAS, dans le 2e Régiment de Chasseurs Parachutistes.
Maubailly est grièvement blessé fin août
et passera plusieurs mois à l'hôpital.
Anticipant une avancée alliée
rapide, Farran déplace sa zone d’opération
plus à l’est dans la trouée de Belfort,
entre les montagnes des Vosges et la frontière Suisse.
Mais, la progression alliée est ralentie et le groupe
du SAS se trouve bientôt isolé sur une zone
minuscule. Échappant à plusieurs embuscades,
ils réussissent à fuir les Allemands et à
trouver une porte de sortie lorsque des patrouilles de reconnaissance
américaines atteignent la zone.
L’arrêt
de la progression alliée a des conséquences
plus graves pour les hommes de l’opération
Loyton 7. En août 1944, le 2e SAS, commandé
par le lieutenant-colonel Brian Franks, est parachuté
dans la région des Vosges, dans l’est de la
France. Sa mission consiste à s’emparer des
cols de montagne et à les tenir jusqu'à l’arrivée
des armées alliées. Sur le papier, l’idée
est excellente, le terrain très boisé convient
à merveille pour ce genre d’opérations.
Mais, les problèmes surgissent dès le 1er
jour.
Les soldats allemands sont partout dans la région,
ainsi que l’impitoyable Gestapo. Bien que la plupart
des habitants de la région soit contre l’occupant
et que certains prennent d’énormes risques
pour aider les SAS, les Allemands sont bientôt sur
leurs traces. Les SAS ne peuvent établir de camp
de base opérationnel et doivent se déplacer
en permanence : les chasseurs deviennent des proies.
L’opération a été prévue
pour que le front les rejoigne en deux semaines. Ils resteront
là deux mois. Lorsque le 2e SAS peut se retirer début
octobre, seul deux hommes ont été tués,
mais, 31 manquent à l’appel. Le régiment
ignore que leur sort a été scellé par
Hitler lui-même, qui a donné l’ordre
d’exécuter tous les soldats des forces spéciales
capturés, même s’ils sont vêtus
de leur uniforme, en contravention complète avec
les lois de la guerre. On apprendra plus tard, qu’ils
ont tous été torturés avant d’être
exécutés. C’est un crime que le régiment
n’oubliera jamais, ni ne laissera impuni.
|
|
Retour en Italie
Alors que la guerre vit ses dernières
semaines, les SAS persévèrent dans ce qui
constitue, selon son créateur David Stirling, sa
raison d’être : l’action au cœur
des lignes ennemies.
Cette fois en Italie. De retour de l’opération
Wallace, Roy Farran prévoit de parachuter 50 hommes
du 2e SAS entre Specia et Bologne. Il les accompagne avec
l’ordre strict de ne pas sauter.
Le 23 mars 1945, au-dessus de la zone de largage, un message
urgent est envoyé : mauvaise nouvelle, commandant
Farran tombé de l’avion, aussitôt suivi
d’un second message : bonne nouvelle Farran portait
un parachute.
Les résistants qui accueillent les SAS sont un mélange
indiscipliné de nationalistes, de communistes et
de prisonniers de guerre russes évadés. Ils
s’avèreront tous d’excellent combattants.
La tâche de Farran et de ses hommes dans cette opération
nommée Tombola, consiste à en faire un bataillon
opérationnel et à les mener au combat. Farran
se taille une réputation respectable parmi ses nouvelles
recrues, lorsqu’il arrange un largage d’armes
et de matériel immédiat. Pendant que son équipe
se prépare au combat, Farran, qui est un prisonnier
de guerre évadé, reprend son nom d’emprunt
de l’opération Wallace : Paddy Mac Guinty.
L’opération Tombola a non seulement
pour but de couper les voies de ravitaillement et de communication
allemandes mais aussi de rejoindre la 5e Armée. L’une
de leur action consiste à attaquer de nuit le quartier
général d’un corps d’armée
allemand à Albinea.
Espérant détruire la base et de surcroît
capturer le général commandant en chef de
la base, Farran déploie 100 hommes, dont un sonneur
de cornemuse, pour le plus grand plaisir des résistants.
Une fois l’effet de surprise dissipé, ils ouvrent
le feu sur les deux villas abritant le quartier général
au son de la cornemuse. Quand les munitions viennent à
manquer, Farran ordonne le retrait. Le quartier général
est anéanti et 30 Allemands ont été
tués, mais le général allemand est
malheureusement absent cette nuit-là.
C’est
en Italie pendant ces dernières semaines, qu’un
membre du SAS reçoit la plus haute distinction décernée
à l’unité durant cette guerre. Lors
des combats autour du lac Comacchio, le commandant Anders
Lassen d’origine danoise, âgé de 24 ans,
obtient, le 9 avril 1945, la Victoria Cross et la Croix
militaire avec deux barres à titre posthume, en détruisant
à lui seul trois nids de mitrailleuses que ses hommes
ont isolés.
Recherche
des criminels de guerre
Alors
que les forces allemandes occidentales se délitent,
un grand nombre de soldats est fait prisonniers. La traque
des criminels de guerre est alors lancée car pour
le SAS, elle revêt des allures d’affaires personnelles
en réponse aux exécutions sommaires perpétrées
contre les SAS fait prisonniers.
Brian Franks, officier commandant le 2e SAS qui a dirigé
l'opération Loyton en août 1944, ordonne à
son unité de découvrir ce qui est arrivé
aux hommes toujours manquants et de retrouver les responsables.
Yurka Galitzine capitaine britannique, d'origine russe,
du CROWCASS, est son premier contact. Le groupe de recherche
installe son QG dans la ville allemande de Gaggenau et lancent
immédiatement leurs recherchent sur des disparus
et des coupables, arrivant bientôt à trouver
plusieurs pistes.
L’enquête durera jusqu’en 1948 ; certains
responsables seront arrêtés et jugés,
d’autres courent toujours ...
La
fin de guerre
Durant
les derniers jours de la guerre en Europe, le SAS est toujours
sur le front, ou le devance.
Ses jeeps parcourent les plaines de l'Allemagne du nord,
effectuant des reconnaissances pour le 21e groupe d'armées.
Pour certains de ces hommes, le dernier jour de la guerre
représente la fin d’un long parcours entamé
dans les déserts d’Afrique du Nord. Cependant,
alors que leurs anciens ennemis sont jugés et démobilisés,
l’avenir de la brigade des SAS reste en suspens.
Parmi les prisonniers de guerre qui rentrent enfin en Grande-Bretagne,
se trouve le créateur de l’unité, David
Stirling. Il mène campagne auprès du premier
ministre Winston Churchill, pour que le SAS rejoigne le
front contre le Japon.
Mais, avant que la moindre décision ne soit prise,
la question n’est plus d’actualité. La
paix entraîne une réduction drastique des effectifs
de l’armée britannique, et le SAS est désormais
considéré comme superflu. En octobre 1945,
quatre ans après sa création, le SAS est dissous.
L'avenir
des SAS
Mais
le SAS n’est pas prêt à mourir, le lieutenant-colonel
Brian Franks qui a succédé en mars 1944 à
William Bill Stirling (1911-1983), frère de David
Stirling, à la tête du 2e SAS et dont les hommes
continuent officieusement de traquer les meurtriers de leurs
camarades, mènent campagne pour sauver le régiment.
Dissous en octobre 1945, les deux régiments SAS sont
recréés en septembre 1947 et Franks est leur
premier commandant en chef, jusqu’en 1950, c’est
essentiellement grâce à lui que l’unité
de combat d’élite renaît.
Tout d’abord comme unité de l’armée
territoriale, répondant au nom de 21e SAS les As
du fusil. Cela a suffi à garder intacte la flamme
et d'utiliser cette troupe d'élite quand le besoin
s’en est fait sentir car le SAS était prêt.